Partie, il y a maintenant 3 ans, Élodie fait sa thèse sur les manchots en Australie. Elle étudie et suit le comportement d’animaux marins dans le Sud du pays. Voici son témoignage, elle te raconte pourquoi elle a choisi l’Australie, ce qu’elle a fait en arrivant et ses projets futurs.
Sommaire
Élodie fait sa thèse sur les manchots en Australie
1. Pourquoi as-tu choisi l’Australie?
Avant de partir en Australie, j’ai travaillé avec l’Institut Polaire Français à Brest et le CNRS de Chizé ; quand je suis rentrée de mission, j’ai annoncé à mon boss que je voulais faire une thèse, mais il n’avait pas de financements pour me permettre de la faire dans son labo. Il m’a donc recommandé auprès d’un de ses collègues, qui travaille à Deakin University à Melbourne. Grâce à son soutien, j’ai réussi à obtenir une bourse, obtenir mon visa étudiant et je fais donc maintenant ma thèse en écologie à Melbourne, en collaboration avec mon ancien laboratoire. Pour moi c’était l’occasion de revenir en Australie, pays que j’avais trouvé fascinant lors de ma première immersion dix ans auparavant alors que je faisais un programme d’échange au lycée (2 mois passés en Tasmanie).
2. Comment t’es tu préparée?
Comme j’ai l’habitude de voyager et d’étudier à l’étranger, mon temps de préparation a été assez réduit. Au final, à part les démarches administratives pour mon visa et auprès de la fac, je n’ai pas fait grand-chose avant le départ. J’ai juste envoyé quelques cartons avec des affaires personnelles pour éviter d’avoir trop de poids dans l’avion. Je trouve qu’il est plus efficace et moins risqué de chercher un logement sur place. Je suis arrivée et j’ai fait du Couchsurfing pendant quelques jours avant de trouver un endroit où me loger et j’ai fait sur place le reste des démarches (ouverture de comptes, assurances, demande de Tax File number pour pouvoir travailler…). J’ai pu acheter une voiture un peu après pour me faciliter la vie.
3. Depuis combien es-tu en Australie?
Je suis en Australie depuis trois ans. La thèse me prend beaucoup de temps, c’est un gros projet et il faut être capable de bosser énormément ! Du coup, j’ai l’impression d’avoir vu très peu de l’Australie, même si je suis allée à Sydney pour quelques jours à deux reprises, et j’ai passé Noël à Adélaïde en 2013. Mon copain est Australien et sa famille habite à Byron Bay et Noosa. C’est un coin vraiment sympa et on y va de temps en temps. J’ai aussi pu découvrir Brisbane, qui m’a beaucoup impressionné et Canberra à notre retour de road trip (pour aller voir ses parents en janvier dernier). La Gold Coast et Julian Rocks sont de très beaux endroits pour aller plonger et j’y retournerai dès que possible.
Les expériences les plus atypiques que j’ai pu vivre en Australie étaient lors de mon travail de terrain pour mon doctorat. Je bosse en effet sur les manchots pygmées qui forment des colonies sur les côtes est et sud. J’avais un site d’étude sur la magnifique Great Ocean Road, à London Bridge plus précisément, qui est une petite colonie (une cinquantaine de nids). Mon deuxième site d’étude se situe sur une île à la frontière des états de Victoria et Nouvelle-Galles-du-Sud nommée Gabo. C’est une bien plus grosse colonie, avec des milliers de manchots, qui en effet représente la plus grande colonie de manchots pygmées au monde. L’île n’est habitée que par un Ranger et il y a une petite guesthouse pour les touristes ! Autrement dit, on y est entouré de manchots et autres oiseaux marins et d’otaries. C’est un spot exceptionnel pour observer les baleines lors de leur passage migratoire au printemps et en automne.
A part cela, je profite des alentours de Melbourne régulièrement, plus spécifiquement vers la Péninsule de Mornington où il y a de très beaux sites de plongée et Phillip Island où les paysages sont impressionnants. Melbourne elle-même est une ville vibrante où les opportunités pour sortir et s’amuser regorgent ! Il y en a vraiment pour tous les goûts et tous les âges. Une de mes activités ‘nature’ préférée est d’aller faire du kayak sur la rivière Yarra pour aller voir les renards volants, qui sont de grosses chauves-souris. La nature à Melbourne est partout, même en ville où l’on peut observer différents animaux! Je fais des sauvetages avec une organisation appelée Wildlife Victoria. On intervient lorsque les membres du public appellent pour reporter un animal en détresse pour essayer d’améliorer la situation, ce qui généralement signifie amener l’animal chez le vétérinaire et ensuite en réhabilitation.
4. Parle-nous précisément de ta thèse?
Je travaille sur les oiseaux marins. De manière plus spécifique, j’étudie deux groupes : les cormorans, et les manchots (pas les pingouins !). Il y a une différence que la plupart des gens ne connaissent pas ! Les pingouins sont de chez nous, l’hémisphère nord, et sont volants. D’ailleurs, on peut les observer en Bretagne par exemple. Les manchots, au contraire, sont répartis dans l’hémisphère sud et ne peuvent pas voler mais ce sont de très bons plongeurs. Les populations animales considérées généralistes n’ont pas de stratégies fixes ou sélectivités au niveau de leur régime alimentaire, zones d’alimentation et comportement. De plus en plus de chercheurs se rendent compte que ces populations sont souvent en fait composées d’individus spécialistes, qui eux, ont des stratégies définies. Cela concerne presque tous les groupes animaux. Les mesures de conservation prises en considérant que tous les individus font plus ou moins la même chose et ne sont pas sélectifs ont le potentiel d’avoir un impact négatif sur les individus spécialisés en ignorant leurs besoins spécifiques. De plus, il est important de comprendre ce qui influence la mise en place et le maintien de ces spécialisations pour prédire à quel point les animaux spécialisés peuvent s’adapter en cas de changements dans leur environnement, causés par exemple par le réchauffement climatique, mais aussi par la pollution ou la surpêche.
Dans ce cadre, je déploie différents types d’appareils pour savoir où les animaux vont se nourrir, à quelle profondeur ils plongent, et pour enregistrer leur mouvement en 3 dimensions ce qui nous permet d’évaluer le nombre de captures qu’ils réalisent. Je laisse ces appareils enregistrer sur plusieurs voyages, mais quand je peux je réutilise les mêmes individus à différents moments de leur période de reproduction et d’une année sur l’autre afin de savoir si leurs spécialisations sont maintenues sur le long-terme. Je mesure et pèse mes oiseaux équipés ainsi que leurs poussins pour voir si les individus spécialisés ont un succès alimentaire et reproductif différents des individus généralistes. De plus, en prenant des plumes et du sang, j’analyse la concentration de certains éléments afin d’avoir une idée plus précise du régime alimentaire de mes oiseaux.
5. Où es-tu actuellement?
Je suis à Melbourne et j’espère finir ma thèse dans 6 mois. Après une thèse, l’une des options qui s’offre à nous est de faire ce que l’on appelle un post-doc, une sorte d’intermédiaire entre thésard et chercheur. Obtenir un contrat en post-doc est difficile car je suis dans un domaine très compétitif. Il est donc difficile de prévoir où je serai après ma thèse mais il est possible que j’ai besoin de candidater pendant plusieurs mois avant d’obtenir un poste. En attendant, j’aimerais bien visiter le reste de l’Australie si mon budget me le permet ou travailler à Melbourne comme monitrice de plongée.
6. Comment décrirais-tu l’Australie?
Le mot qui me vient en premier à l’esprit pour décrire l’Australie est “sauvage”. J’ai toujours été impressionnée par le nombre d’animaux que l’on peut voir, même proche des villes. L’Australie a beaucoup d’animaux uniques, endémiques, ce qui veut dire qu’on ne peut les voir qu’ici : ornithorynques et échidnés, par exemple, qui sont des mammifères qui pondent des œufs ! Les fonds sous-marins dans beaucoup d’endroits en Australie sont spectaculaires, même dans l’état de Victoria, où les eaux sont plus froides. L’Australie, pour moi, ce sont les grands espaces et la liberté. Les paysages et les climats y sont variés ; il convient de prendre son temps pour vraiment pouvoir les découvrir. C’est également un pays où les gens sont particulièrement accueillants et l’atmosphère est agréable, que ce soit en ville ou à la campagne. Les villes de Melbourne et Brisbane m’attirent particulièrement pour leur esthétique et la variété des activités quelques proposent. Il y fait bon vivre à tellement de niveaux différents !
Merci à toi, Élodie pour ce beau témoignage. Ton histoire est originale et pleine d’espoir. La faune en Australie est exceptionnelle et authentique. L’Australie possède un grand nombre d’animaux endémiques. Ce qui exprime combien ce pays est isolé du monde. Les menaces environnementales comme le réchauffement climatique menace une grande partie du monde. Il est donc important d’étudier, de protéger notre environnement et surtout de trouver des solutions pour ralentir tout cela. Merci à toi de nous avoir fait partager ton expérience. Je te souhaite bon courage pour la suite de ta thèse.
Cheers!
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